harcèlement scolaire

Comprendre pour mieux lutter contre ce fléau qui détruit le quotidien de milliers de jeunes élèves

Depuis quelques années des drames humains se succède au sein des établissements souvent avec des conséquences terribles au sein des familles (décrochage scolaire, déménagement, suicides d’enfant). On constate seulement que le harcèlement scolaire s'amplifie notamment sous l’effet des réseaux sociaux. Quels sont les dysfonctionnements dans le système éducatif français en matière de protection des élèves, et quelles sont les solutions que les établissements scolaires peuvent apporter, on vous explique tout.

Le harcèlement scolaire, une maladie silencieuse

Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école : elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une ou plusieurs victime(s) isolée(s) ou dans l’incapacité de se défendre. Lorsqu’un enfant ou un adolescent est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement.

Quelques statistiques sur le harcèlement à l'école :

  • 800 000 à un million d'élèves seraient victimes de harcèlement, soit entre 6 à 10 % d'entre eux
  • 1 enfant sur 10 déclare avoir été victime de harcèlement scolaire
  • Des conséquences : Isolement, phobie scolaire, suicide, dépression, trouble du sommeil, image de soi dégradée...
  • 23% des enfants victimes de harcèlement déclarent avoir pensé au suicide
  • Ces violences auraient lieu majoritairement au collège (54%) mais elles ont aussi lieu en primaire (23%) et au lycée (13%). D'autres chiffres clés dans une étude de l’IFOP de 2021

Avec l’utilisation permanente des nouvelles technologies (smartphones, tablettes, etc) et d'internet (réseaux sociaux), le harcèlement entre élèves se poursuit en dehors de l’enceinte des établissements scolaires. On parle alors de cyber-harcèlement.

Le cyber harcèlement

Quelques chiffres sur le cyber-harcèlement

  • 20% des jeunes ont déjà été confrontés à une situation de cyber harcèlement
  • 56% des jeunes affirment avoir été victimes au moins une fois de cyber violences
  • 46% des problèmes rencontrés en ligne le sont avec des inconnus
  • 26% des cyber harceleurs le font pour faire comme les autres
  • 38% des ados américains avouent se sentir régulièrement « dépassés »par les contenus et interactions émanant des réseaux sociaux (45% chez les filles)
  • 87% des enfants de 12 ans ont un smartphone
  • 70% des jeunes ont un appareil numérique en permanence dans leur chambre
  • 83% des parents reconnaissent ne pas savoir ce que font leurs enfants sur internet

Comment passe-t-on de la cyberviolence au cyber-harcèlement

Un élève tombe inexorablement dans la cyberviolence dès lors qu'il y a une répétitiité des agressions, qu'un déséquilibre du rapport de force ou de domination s'installe entre les protagonistes et qu'un élève n'est plus en situation de se défendre seul. De plus si l'origine des situations est systématiquement initiée par le ou les mêmes protagonistes du conflit, on peut parler de d'une volonté délibérée de nuire, avec une absence d'empathie et de souhait de résolution du conflit de la part des auteurs.

Cette cyberviolence est d'autant plus dangereuse quand les pairs restent des témoins passifs voire complices du déséquilibre des forces en présence.

Les solutions concrètes

Depuis quelques années de nouvelles mesures ont été mises en place pour mieux outiller et accompagner les jeunes en proie aux violences "ordinaires" circulant dans le milieu scolaire.

Depuis la rentrée 2023 figure la mesure d’éloignement de l’élève harceleur dans le premier degré. Le DASEN pourra désormais changer d’office un élève harceleur d’école élémentaire, avec l’accord du ou des maires concernés. Le chef d’établissement pourra également engager une procédure disciplinaire à l’encontre d’un élève qui se rendrait coupable de harcèlement ou de cyberharcèlement à l’égard d’élèves d’un autre établissement. Enfin il sera désormais obligatoire d’engager une procédure disciplinaire contre les auteurs de faits de harcèlement.

ll faut se méfier de la qualification de harceleur à l’école. Il y a des enfants qui commettent temporairement des actes de harcèlement mais, pour autant, ce ne sont pas des « harceleurs nés ». Certaines situations ne peuvent se résoudre uniquement en séparant les élèves harcelés de leurs harceleurs alors que pour d'autres situations, moins complexes, une simple conversation permet d'éviter une escacalade. Dans le cadre du programme pHARe, on utilisera le terme intimidateur présumé à la place de harceleur.

Phare : programme de lutte contre le harcèlement entre élèves

Apprendre l'empathie

Certains pays comme le Danemark des cours d'empathie sont donnés aux enfants dans les écoles à partir de leurs trois ans. Eduquer tout le monde, les victimes afin qu'elle demande de l'aide au plus vite, les harceleurs pour qu'ils prennent conscience de leurs actes mais également tous les autres. Ce dernier groupe, la majorité silencieuse, peut elle aussi agir en alertant si besoin car bien souvent il y a une dynamique de groupe qui opère dans le harcèlement. La plupart des situations de harcèlement sont résolues par l’intervention d’un pair, sans présence d’adulte. Mais encore faut-il au préalable lui avoir donné des arguments et des outils.

Les délégués des classes de primaire de l’école du Manoir à Sainte-Mère-Eglise ont produit une vidéo pour expliquer le programme pHARe et le rôle de chacun.

pHARe est un programme global de prévention du harcèlement. Expérimenté de 2019 à 2021 dans six académies, il achève cette année sa généralisation à toutes les écoles élémentaires et tous les collèges publics. Il poursuit trois objectifs principaux : doter toutes les écoles et collèges d’un plan de prévention structuré et efficient, sécuriser les équipes pédagogiques en garantissant la traçabilité et la prévisibilité de l’action publique, et permettre la création d’une communauté protectrice formée et pleinement engagée dans la lutte contre le harcèlement.

Depuis septembre 2022, toutes les écoles primaires et tous les collèges en France doivent avoir au moins 10 ambassadeurs anti-harcèlement et un adulte référent harcèlement (infirmier, CPE, professeur) au sein de leurs établissements.

Les dispositifs d'alerte et d'écoute

Enfin le plus important pour tous les élèves confrontés de près ou de loin à une situation de harcèlement il est important de s'adresser à un référent, le programe pHARe prévoit des adultes référents harcèlement ainsi que des élèves ambassadeurs afin de traiter ce fléau sous l’angle positif de l’empathie : favoriser l’acceptation et la compréhension de l’autre.

A la maison, on peut toujours s'adresser par téléphone à des personnes formées. Ces deux dispositifs d'alerte et d'écoute sont aussi disponibles durant toute l'année, au 3020 pour les situations de harcèlement scolaire et au 3018 pour des situations de cyberharcèlement afin d'éviter que d'autres drames ne se répètent

3020

UN NUMÉRO D’ÉCOUTE ET DE PRISE EN CHARGE AU SERVICE DES FAMILLES ET DES VICTIMES DE HARCÈLEMENT

Élèves, parents, professionnels, pour signaler une situation de harcèlement entre élèves : appelez gratuitement le 3020.

Le numéro est accessible par téléphone du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h (sauf les jours fériés).

3018

LE NUMÉRO D'URGENCE POUR LES VICTIMES ET LES TÉMOINS DE CYBERHARCÈLEMENT

Le 3018 est le numéro national pour les enfants, les adolescents et les parents sur toutes les questions liées aux usages numériques des jeunes.

100% anonyme, gratuit et confidentiel. Disponible 7j/7, de 9h00 à 23h00.

Une équipe dédiée, composée de psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques. 

Faire face au cyberharcèlement

Le dépôt de plainte

Depuis la loi votée du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire, ce phénomène est reconnu comme un délit. Comme le délit de harcèlement scolaire existe, le dépôt de plainte pour harcèlement scolaire est dorénavant rendu possible. Les auteurs encourent une peine de 5 ans d'emprisonnement et 75 000 € d'amende lorsque les faits ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours et de 10 ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider. Le juge peut prononcer également un stage de "sensibilisation aux risques liés au harcèlement scolaire".

Ressources

Outils

  • L'application Kolibri permet de réagir en cas de violence ou de harcèlement. Grâce à elle, votre enfant pourra alerter une personne de confiance (grand-parent, éducateur, membre de la famille...) s’il est témoin de violence ou de harcèlement contre un de ses camarades ou un tiers dans l’école. Il peut aussi utiliser une météo des émotions qui n’est ni plus ni moins qu’un concept ludique pour aider les enfants à exprimer leurs émotions grâce à des émoticônes et des codes couleurs. Un bon moyen pour les parents d’avoir des signaux d’alertes en cas de dégradation d’humeur de leurs enfants en souffrance. Kolibri est disponible gratuitement pour iOS et pour Android.
  • Le harcélomètre : Anaëlle Schmit, professeure documentaliste, a créé un un outil qui servira à sensibiliser le plus grand nombre sur les comportements violents et le harcèlement.
  • Le cyber-harcélomètre : un outil pour alerter sur les comportements violents sur internet et les réseaux sociaux.

Vidéos

Journées de mobilisation

Il est plus facile de construire des enfants solides que de réparer des adultes brisés

Frederick Douglass

Modifié le : 11 avril 2024 à 22:32

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